Voilà 4 ans que l'équipe de VOH se bat pour faire entendre sa voix et retrouver les 33 enfants accueillis depuis leur plus jeune âge dans les familles d'accueil du Village de l'Espérance. Depuis bientôt un an, la situation est stationnaire. Les expulsés sont en attente du jugement final de la Cour Suprême du Maroc, après une victoire en première instance et une défaite en appel en vue de récupérer les biens confisqués sans aucune forme de procès.
Malgré un silence assourdissant de la part des autorités, nous avons été encouragés en trouvant un article de presse publié le 22 mai 2014 dans le journal marocain Tel quel, brossant un tableau tristement précis de la réalité.
Quatre ans après les faits, les langues se délient et le bilan est pour le moins mitigé: depuis l'expulsion sommaire, jusqu'au quotidien des enfants, en passant par le rayonnement que pouvait avoir le Village de l'Espérance dans la région, la population locale tire une conclusion qu'il est difficile de remettre en question: "c'était mieux avant". Extraits de l'article:
" [Les enfants] vivent dans un double déracinement. Ils ont d'abord été privés de leurs familles adoptives et ont dû quitter leur environnement pour un autre auquel ils n'arrivent pas à s'habituer' (...) A l'école Atlas (...) les « orphelins du Christ » sont confrontés à un milieu très différent de celui qu'ils ont toujours connu. Fini les cours de langues, d'agriculture, de cuisine et même de base-ball. «C'est triste à dire mais ils ont découvert la violence ».
Alors qu'ils ne manquaient de rien à l'époque des éducateurs étrangers, "aujourd'hui, il leur arrive d'avoir faim. (...) 'Certains enfants portent des chaussures trouées d'où leurs orteils dépassent et même parfois des sandales en plastique pendant l'hiver'."
Mais les enfants ne sont pas les seuls affectés par la situation. Les 22 salariés de l'orphelinat "perçoivent leur salaire tous les trois, voire quatre mois".
L'article ajoute que les anciens dirigeants de l'orphelinat n'oubliaient pas les démunis de la région. "Et sans jamais demander quoi que ce soit en contrepartie".
Face aux accusation de prosélytisme, un militant associatif local témoigne:
" 'Après l'expulsion des étrangers, l'Etat a dépêché sur place des morchidates, comme s'il fallait reconvertir les enfants à l'Islam, mais elles ont été déçues. Ce n'était pas nécessaire puisqu'ils avaient reçu des cours d'instruction islamique.' "
Et le journal de conclure: "Aujourd'hui, ce sont les enfants du Village de l'Espoir qui remportent les concours de psalmodie du Coran organisés par leur école. Mais leur souhait le plus cher reste de pouvoir renouer un jour avec ceux qui les ont autrefois tant aimés."
C'est là tout l'enjeu de cette situation. Des enfants privés de leur cellule familiale. Des êtres vulnérables, orphelins pour la seconde fois.
Nous continuons de demander, avec nos amis du Village de l'Espérance, qu'un accord soit trouvé entre autorités et éducateurs expulsés. Et que l'avenir des enfants, plutôt que leur passé, préside à toute prise de décision les concernant.
Michaël Païta