En République Démocratique du Congo, « Maman » est un titre qui honore celles qui ont donné la vie. Car dans ce pays, pour une femme, être mère est essentiel et permet de gagner statut social et respect. Mais qu’en est-il des femmes qui ne peuvent pas avoir d’enfant ?
A l’image de Denise*, elles sont exposées aux insultes de leur communauté. La stérilité chez les femmes est perçue comme une forme de malédiction. Elles peuvent alors être délaissées par leur mari. Ainsi, l’époux de Denise a pris une seconde femme, de laquelle il a eu plusieurs enfants. En grandissant, ces enfants ont provoqué Denise à plusieurs reprises sans qu'il lui soit possible de réagir : personne n’écoute une femme stérile.
Lorsqu’elle pousse la porte d’Otema, elle trouve non seulement une aide médicale mais aussi une oreille attentive. Elle peut enfin laisser couler ses larmes sans craindre aucun jugement de la part du Dr Tony ou de son équipe.
On lui a diagnostiqué des grosseurs** comme cause à sa stérilité. Denise a été opérée pour retirer ces grosseurs et rendre ses trompes perméables. L’équipe d’Otema l’a ensuite suivie pour traiter sa stérilité, notamment par des examens complémentaires pour elle et son mari, ainsi que par un traitement hormonal et un suivi de son cycle. Elle est rapidement tombée enceinte. Mais après 40 ans sans enfant, lorsque le Dr Tony lui a révélé que l’échographie montrait qu’elle attendait un bébé, elle ne l’a pas cru immédiatement. Elle a ensuite caché sa grossesse, par peur de la réaction des autres. En effet, si, dans sa culture il est mal vu qu’une femme soit stérile, une femme stérile qui réussit à être enceinte inspire la crainte. Denise pensait que sa communauté pourrait utiliser la sorcellerie pour lui faire faire une fausse-couche ou faire disparaître sa grossesse. Même son mari n’en a pas été informé de peur qu’il en parle à son entourage, jusqu’à ce que l’état de sa femme ne puisse plus lui être caché.
Mais lorsque son fils est né, son mari et elle ont organisé une grande fête pour partager leur joie. Après des années de pleurs et de brimades, Denise a pu retrouver dignité et respect au sein de sa communauté.
* Pseudonyme
** Tumeur bénigne de l’utérus, ces grosseurs peuvent atteindre jusqu’à 10-20 kg pour les plus importantes. Occupant parfois la place d’un éventuel fétus, elles empêchent alors un ovule fécondé de s’implanter.
Photo d'illustration : une jeune mère à Otema
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