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Trambulina : un rebond vers la Vie !

(Juillet 2024)




Claudia, la présidente de l’association Trambulina et responsable du centre d’accueil, nous livre spontanément le quotidien des discussions avec les enfants début juin, alors qu’elle et son équipe sont sur le point d’emmener les enfants en colonie de vacances. Fraîcheur, profondeur, déchirement, espérance : tout y est.

Bonjour chers amis, quelques infos rapides avant demain, le départ en colo! On part jusqu'à vendredi soir. Je suis aussi impatiente que les enfants!!! 😉

L'école est finie depuis une semaine et demie. Au centre, on a arrêté les activités il y a 2 semaines, on a fait une petite fête de fin d'année, et surtout, préparé la colo. On retourne dans le gîte qu'on avait loué il y a 4 ans, à 5 heures de route d'ici, mais cette fois on fait le trajet en ayant loué 2 grands minibus avec chauffeur ! Ceci pour qu'on soit plus avec les enfants, sans avoir en plus la charge de la conduite. C'est mieux car on a plusieurs enfants, parmi ceux qui ne viennent au centre que depuis un an, qui sont vraiment plus turbulents et qui ont besoin de toute notre attention !

On sera donc 23 enfants et 5 encadrantes. Dommage de ne pas avoir d'encadrant homme. On est aidées de 2 étudiantes de la fac de théologie de Vaux sur Seine en stage, bien motivées mais qui ne parlent pas roumain. On a trop hâte de partir avec les enfants!

J'ai eu un appel cet après-midi de certains enfants : 

« Clo, on n'a pas loupé le bus hein ?? C'était pas aujourd'hui le départ ? » et ils ont éclaté de joie ensuite en criant et sautant partout « On n'a pas loupé le bus ! ». Première fois qu'ils partent ! Notamment un des garçons : sa mère l'a abandonné et sa grand-mère qui l'élevait est morte il y a 4 semaines... très compliqué. Son papa ne veut pas s'occuper de lui… « C'est l'enfant de personne donc c'est l'enfant de tout le monde, on va s'occuper de lui! » a décrété une voisine. Alors il vadrouille de famille en famille... Sa mère est venue pour l'enterrement de la grand-mère mais est repartie en Angleterre. Un quotidien très dur pour ces enfants.

J'ai eu droit aussi à des appels comme

«  Clo, j'ai pas de dentifrice ! 

- C'est pas grave, j'en prends en plus !

- Clo j'ai pas de brosse à dent !

- C'est pas grave, j'en prends en plus ! 

et ensuite

- Et j'ai pas de chaussettes! 

- C'est pas grave, on va se débrouiller! »

Il y a une dizaine de jours, j'ai hébergé une petite fille, Maria. J'avais réalisé qu'elle était très souvent seule chez elle, quand sa maman part pour travailler dans des festivals et laisse les 2 enfants seuls à la maison. Du coup, pour qu'elle ne manque pas la fête de fin d'année, j'ai proposé à la maman d'héberger Maria et elle a accepté. C'était trop chouette!Quel décalage entre sa vie et la « normalité »... Quand j'ai voulu savoir quel était son plat préféré, « celui que tu aimes bien que ta maman te fasse », elle m'a répondu : « bah non, on mange pas, nous, quand on a faim, on prend des chips ou du chocolat ou des biscuits ». J'ai réalisé qu'elle ne savait pas prendre sa douche, ne portait pas de sous-vêtement... Quand je l'ai ramenée chez elle, elle n'a ni fait ni reçu de câlin de la maman, alors qu'elle nous en fait toujours plein dès qu'elle arrive au centre. Dur de réaliser cette misère. On est loin de se rendre compte de la vie que ces enfants ont chez eux. On prie pour qu'elle soit bien là demain pour le départ en colo - sa maman était partie ces jours-ci pour un nouveau festival, avec Maria cette fois.

Avec Cristina, on se réjouit beaucoup de ce temps à passer tranquillement avec les enfants. On sait qu'ils n'ont pas besoin d'une colo "à la française" avec un enchaînement d'activités. La plupart ne sont jamais partis de chez eux alors juste passer du temps ensemble, c'est l'essentiel. Nous souhaitons qu’ils se sentent aimés de Dieu à travers nous.”




Deux semaines après ce temps de colo plein de jeux et de détente avec les enfants, Claudia nous rapporte que malheureusement, la petite Maria n’a pu venir à la colo car sa maman n’est pas revenue à temps… Heureusement Maria continue à venir au centre et à partager les activités. Pour les autres, grâce aux relations de confiance construites au fil des jours, plusieurs ont changé de comportement. Cela peut aller de l’acquisition de la simple habitude du brossage de dent à l’apprentissage du dialogue dans la confiance, ou encore au courage de construire des amitiés avec les autres enfants. Tout cela en découvrant, pour beaucoup, une image plus saine de soi-même et des autres. Plusieurs des parents expriment leur étonnement devant ces changements positifs. Quelle reconnaissance pour nous d’entendre parler de ces enfants qui, bien que vivants, avaient besoin de vraies relations pour revenir à la Vie.

Claudia Pétrequin / Michael Païta

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